Dans le futur décrit par Suzanne Collins, les États-Unis se nomment Panem et regroupent non pas cinquante États, mais treize districts qui, dix ans avant le début de ce récit, ont perdu la guerre contre une mégapole baptisée le Capitole.
Depuis leur défaite, les douze districts (le treizième a été rayé de la carte) doivent expier leur faute chaque année en livrant un garçon et une fille mineurs destinés à lutter à mort dans un amphithéâtre du Capitole, et ce jusqu’à ce qu’il ne reste qu’un survivant.
Ces combats ont pour nom les Hunger Games. Malheureusement, année après année, l’intérêt des habitants du Capitole envers ces jeux macabres diminue. D’autant que la ville ne s’est pas encore totalement relevée des dommages de la guerre et que nombre de ses habitants vivent dans la pauvreté malgré la spoliation des productions des districts. Les instigateurs de ces jeux décident alors, pour la dixième édition, d’attribuer un mentor issu de la meilleure école de la ville à chacun des combattants, avec pour mission de le rendre populaire auprès du public.
Parmi les vingt-quatre élus, deux étudiants de dix-huit ans seront particulièrement éprouvés par ces dixièmes Hunger Games, l’un parce qu’il y voit l’unique occasion de rendre sa splendeur passée à sa famille ruinée, l’autre parce qu’il rejette la haute position sociale acquise par ses parents, enrichis grâce à la vente d’armes.
Par prudence envers les prequels (le récit se déroule 64 ans avant le premier tome de la trilogie), et méfiance vis-à-vis de l’artillerie marketing qui accompagne les séries à blockbusters, plus d’un lecteur pourrait hésiter à se plonger dans ce quatrième tome, et ce serait dommage, car on y retrouve la même valeur narrative et caractérisation poussée des personnages secondaires que dans les précédents opus. Les romans Hunger Games sont devenus un élément incontournable de notre culture populaire (pour preuve, leur influence sur des jeux vidéo tels que Fortnite et Minecraft), mais tenter un 4e tome n’était pourtant pas sans risque.
L’auteure a cependant su éviter plusieurs écueils qui auraient pu faire cataloguer La Ballade du serpent et de l’oiseau chanteur de livre de trop. Tout d’abord, ce n’était pas une mince gageure de différencier la nouvelle combattante du district douze de l’iconique Katniss Everdeen des trois premiers tomes (incarnée par Jennifer Lawrence au cinéma).
Ce défi fut pourtant relevé haut la main (ou plutôt « haut la plume ») avec un personnage qui n’est pas sans faire penser à une Everly Quinn de seize ans. Ensuite, ce que l’on pourrait trouver ridicule dans le concept de ces jeux (Pourquoi punir des enfants ? Pourquoi les habitants du Capitole tolèrent-ils ce massacre ?) est justifié dès les premières pages. Enfin, Suzanne Collins parvient à nous faire apprécier le futur président Snow, et même à comprendre en quoi sa confusion entre amour et possession va le mener sur le sombre chemin du pouvoir.
Mais la plus grande difficulté n’était pas là. Il s’agissait d’offrir un déroulement des Hunger Games différent des précédents. De ce côté, mission accomplie à 100 % avec un stade de base-ball en ruine dépourvu de la technologie des futures arènes, mais ô combien adapté à la critique de notre société de télé-réalité et de totalitarisme que se veut être cette saga.
Chronique de Xavier ‘1762’ Fleury