Le monde de Maniyadoc est familier aux chanceux qui ont pu lire le tome 1 du « Royaume Blessé » ou aux moins chanceux qui ont dû se contenter de notre chronique dans PdE. Pour les autres, en résumé, c’est un univers féodal très brutal, où un acte magique a jadis stérilisé une surface énorme de la planète, et où la corporation des Assassins est quasiment officielle, même si évidemment ses membres pratiquent dans la plus grande discrétion !
Le narrateur, Girton, 15 ans, est l’apprenti de l’une des femmes les plus douées de cette corporation : Morela Karn. Accusés tous deux d’un régicide dont, une fois n’est pas coutume, ils sont innocents, ils ont dû fuir. Girton a eu le temps de se faire un ami, Rufa, et deux ennemis, Aydor, prince héritier qu’il était chargé de protéger, et Tomas, bel homme charismatique au cœur noir. Girton est grevé de deux handicaps. Le premier, son pied bot et son allure grêle, ne lui pèse guère. C’est même très utile dans sa profession d’être sous-estimé. Le second pourrait lui coûter la vie : c’est un sorcier. Or tout sorcier est a priori jugé maléfique, haï par la population et abattu par la congrégation des Gardiens.
Sa maîtresse a pratiqué sur lui une magie de restriction, la Laisse, mais cette magie s’affaiblit avec le temps. De plus les pouvoirs de Girton vont s’affirmer et donc se montrer bien compromettants dans ce deuxième opus que cinq ans séparent du premier récit. Rufa, Tomas et Aydor se font la guerre pour le trône de Maniyadoc. Et voici que Girton se retrouve à la merci d’Aydor, qui, bien loin de chercher à le détruire, lui propose une nouvelle mission de protection.
Oui, je sais, bis repetita, etc. Il faut reconnaître que l’auteur ne se renouvelle pas trop au niveau de l’intrigue. Bien que ne croyant pas une seconde à la sincérité de son ennemi, Girton est obligé d’accepter de lui et la mission et les services d’un médecin pour soigner sa maîtresse, blessée lors d’un guet-apens par une arme empoisonnée qui la met hors-jeu une bonne partie du roman. Comme pour le premier tome, une intrigue de type policier (qui sont les traîtres infiltrés dans l’entourage de Rufa ?) se mêle à une épopée guerrière et à des péripéties fantastiques, liées aux pouvoirs cachés de Girton.
Dilemmes déchirants aux moments où il doit l’utiliser pour sauver ceux qu’il aime ou protège, sachant très bien quels risques il encourt. Sa relation à sa maîtresse se complique aussi de jalousie vis-à-vis du médecin qui la soigne et se révèle être son concitoyen. Toujours donc un roman haletant, un monde terrible et fascinant, un protagoniste attachant, dont les capacités meurtrières contrastent de manière très attractive avec son incurable sentimentalité, et l’attente d’une suite….
Chronique de Marthe ‘1389’ Machorowski