« Le Cercle de Farthing » de Jo Walton

Lucy Kahn, née Eversley, et son mari David sont invités le temps d’un week-end au domaine familial de Farthing pour une réunion mondaine. Lady Eversley et son époux constituent le cœur du « cercle de Farthing », un groupe très influent au sein du Parti conservateur depuis qu’il a permis d’évincer Churchill et de signer avec l’Allemagne nazie un traité de paix. Mais huit ans après cette grande action politique, les Conservateurs ont perdu la majorité et ne rêvent que de reconquérir le pouvoir. Alors que la réception est terminée et que seuls les plus proches sont restés dormir au domaine, Sir James Thirkie, principal artisan de « la paix dans l’honneur » avec Hitler, y est retrouvé mort, assassiné. Scotland Yard charge l’inspecteur Carmichael de l’enquête. Très vite, tous les indices désignent David Kahn, qui est juif…

Ce roman policier ne peut que faire penser au Fatherland de Robert Harris, dont il reprend les principales caractéristiques : une enquête policière dans un après-guerre uchronique très réaliste, car campé avec une précision époustouflante. On retrouve dans ce livre de Jo Walton les qualités déjà observées dans son roman postérieur, Morwenna (cf. PdE 85) : une connaissance intime des gens et de la société anglaise dans toute leur complexité. L’auteure place son intrigue en Grande Bretagne, parmi les nantis, un pays habillé d’un verni démocratique, mais resté foncièrement aristocratique, puritain, antisémite et homophobe. Plus encore que dans Morwenna, Le Cercle de Farthing est une véritable charge contre la stratification sociale et les privilégiés, dont le mode de vie est aussi brillant qu’artificiel, et se nourrit de l’exploitation et de la souffrance des autres. On comprend que l’auteure a, décidément, un compte à régler avec sa mère et que les questions de la différence, de l’intolérance, de l’exclusion lui tiennent à cœur, tout comme la perte d’un frère ou d’une sœur.

Deux dispositifs narratifs nous permettent de suivre l’enquête, ou plutôt l’étau qui se resserre sur David et Lucy : la relation qu’en fait cette dernière à la première personne, et un récit à la troisième personne du point de vue de l’inspecteur Carmichael. Et chaque fois, le ton sonne juste. On sort de ce livre la gorge nouée, en se disant qu’on l’a échappé belle, que notre réalité malgré tous ses défauts auraient pu devenir bien pire. C’est encore un point commun avec l’œuvre de Robert Harris, même si l’on pourra trouver que Le Cercle de Farthing manque encore d’ampleur. Pour retrouver un peu d’espoir, on peut se dire que le roman ouvre une trilogie, et qu’il suffit d’attendre la suite… Bref, une lecture salutaire, qu’on a du mal à lâcher

Nous en pensons ...

Notre avis

3.8

On sort de ce livre la gorge nouée, en se disant qu’on l’a échappé belle, que notre réalité malgré tous ses défauts auraient pu devenir bien pire.

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A propos de François

Infatigable, inaltérable, François est responsable des ateliers d’écriture du Club Présences d’Esprits depuis 1998. Ses relations privilégiées avec les auteurs lui permettent de parfaitement connaitre cet univers. Il a aussi commis et participé à quelques anthologies dont le Club n'est pas peu fier, et se retrouve régulièrement de l'autre côté avec quelques nouvelles publiées.

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Un commentaire

  1. Et pour info, Jo Walton sera aux Utopiales cette année : https://www.utopiales.org/guest/jo-walton/ !

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