Plongée dans une quatrième dimension.
Le prix Goncourt 2020 a été décerné, lundi 30 novembre, à Hervé Le Tellier pour L’anomalie (Gallimard), un roman d’anticipation qui donne à réfléchir sur le monde (mais n’est-ce pas le propre de nos genres préférés ?).
L’argument ne laissera pas les amateurs de SFFF indifférents : en 2021, un vol Paris-New York se reproduit deux fois, à quelques mois d’intervalle. Parce que l’avion est secoué de violentes turbulences consécutives à un orage, le temps a été saisi d’un hoquet.
La vie des passagers est bouleversée, projetés qu’ils sont dans une quatrième dimension. Parmi eux, un père de famille respectable, et néanmoins tueur à gages, une pop star nigériane, une avocate ou encore un obscur écrivain soudain devenu culte.
Hervé Le Tellier joue avec les genres littéraires, navigue du roman psychologique à la science-fiction, tout en mélangeant science, théologie et philosophie.
« L’idée du livre était de répondre à deux questions. La question de la duplication et de la confrontation à soi-même, et une seconde question, qui pourrait ressembler à une question du bac : peut-on se fier à ses sens ? »
En tout cas, ce prix Goncourt attribué à un livre qui relève de la SFFF, sans pour autant (surtout pas) s’afficher comme tel, fait réfléchir : devons-nous nous réjouir qu’il soit reconnu ? Nous désoler que l’auteur, comme l’éditeur, semblent refuser l’étiquette ? Nous féliciter de ce que, quand même, des lecteurs vont découvrir que la SF et la littérature, ce n’est pas incompatible ? Déplorer que l’on invisibilise toujours ce genre littéraire ?
Nous allons nous poser la question, c’est sûr. Et les questions, les amateurs d’Imaginaire aiment ça !