Fées, brownies, hobs, elfes, géants, les créatures de Faërie évitent d’habitude comme la peste le monde des hommes et leurs villes, préférant les campagnes les plus désertes, car, bien qu’immortelles, elles ne sont pas invulnérables. Le fer, les prières, le son des cloches sont pour elles autant de poisons dont l’antidote, le pain d’offrande, se fait de plus en plus rare, vu les progrès du puritanisme.
La cour d’Onyx, créée puis gouvernée par la reine Invidiana, est de ce point de vue une aberration : un Londres souterrain « décalé » par rapport à la ville humaine, mais communiquant par des « portes ». La curiosité ou les ordres de la souveraine amènent souvent ses habitants à sortir de leur espace magique protégé par des sortilèges et à se mêler aux humains, dont ils prennent l’apparence grâce à un « glamour ».
Par un jeu d’analepses le récit nous porte à la fois au début du règne d’Elisabeth et au moment de l’Invincible Armada. Les événements historiques y sont expliqués en partie par un pacte conclu entre les deux reines. On ne s’étonnera pas, vu l’histoire d’Angleterre, que dans les deux mondes abondent complots, intrigues et meurtres, et châtiments plus qu’inventifs, la miséricorde n’y étant pas une qualité dominante !
Pourtant, Lune, le personnage principal, est, bien que fée, et à la différence de sa reine, sensible et proche des humains. D’un humain en particulier avec qui elle vit une grande et belle histoire d’amour, jusqu’à lui offrir l’entrée dans le royaume de Faërie par le statut très particulier de Prince de la pierre. Honorifique mais par définition éphémère car, si le rituel d’intronisation et le contact de Faërie retardent la vieillesse et la mort, ils ne les empêchent pas.
Bonne nouvelle pour ces messieurs : l’un d’eux peut toujours se proposer aujourd’hui, sait-on jamais ! Fidèle ambassadrice de la reine auprès des créatures océanes, mais aussi, sous un glamour, auprès de la cour humaine, Lune devra pourtant entrer en rébellion contre elle, pour le bien des deux mondes, et même pour la rédemption d’Invidiana.
Bien que l’auteure se plaise à retarder explications et révélations, ce roman, bien documenté à la fois sur l’histoire et le folklore, offrant des personnages complexes et attachants en même temps que de multiples péripéties et rebondissements, est vraiment une pépite à découvrir d’urgence.
Chronique de Marthe ‘1389’ Machorowski
Nous en pensons
Notre avis
4.1
Bien que l’auteure se plaise à retarder explications et révélations, ce roman, bien documenté à la fois sur l’histoire et le folklore, offrant des personnages complexes et attachants en même temps que de multiples péripéties et rebondissements, est vraiment une pépite à découvrir d’urgence.