Voici le millésime 2013 de Géante Rouge, fanzine édité par l’Association d’Aide aux Auteurs (34 rue Jean-Jaurès, 59135 Bellaing – France).
Ce numéro démarre un peu rudement avec Gwendoline(s), nouvelle de Gulzar Joby (3ème ex-aequo du prix Alain le Bussy 2012) qui n’est pas d’un accès évident, et j’avoue que la chute m’a laissé quelque peu coi. Ce qui est peut-être l’effet recherché par l’auteur !
Retour sur Garymante de Léo Lallot se livre plus simplement. L’éternelle déception entre la réalité et les souvenirs de jeunesse, aussi terribles fussent-ils. Dans Le chat de monsieur Grodingo, Michel Grange parvient à faire sourire à propos d’un chat extraterrestre se plaignant de son expérimentateur humain. Chrysalide de Nicolas Lefebvre (second 3ème ex-aequo du prix Alain le Bussy 2012) permet à l’humain de travailler de concert avec des Anim’hôtes. Mimétisme de Frédéric Gaillard (l’ultime 3ème ex-aequo du prix Alain le Bussy 2012) nous laisse suivre un alien « perdu » sur Terre, avec la concision propre à l’humour noir. Vega’s bizarro de Marc Oreggia confronte son alien aux années 60, non sans quelques clins d’œil amusants. Qui connaît, qui a vu ? de Tom Haas se paie le luxe d’une nouvelle-poésie, guère plus optimiste pour autant.
Le Démiurge de Yves-Daniel Crouzet, s’il n’a pas l’apparence du poème, se lit comme tel, et nous entraîne dans l’antre du mal. Un soupçon de nostalgie anticipatrice émane d’Une bibliothèque qui crashe de Hugo Van Gaert. La nouvelle un peu plus étoffée Wannsee de Didier Reboussin nous fait toucher du doigt l’horreur et l’amour. Bien trouvé. Les Lueurs d’Albaretian de Laurent Gidon hésite entre l’héroic-fantasy et la philosophie (même si je caricature un peu) sans se décider complètement. Au contraire de La rencontre, texte plus bref où Philippe Molé évoque les vices et vertus d’un monde pré-apocalyptique.
Le milieu du volume propose un dossier consacré à Thomas Géha, libraire, éditeur… et auteur. Cela commence par une nouvelle, Psychindus, nom d’une musique permettant à ses auditeurs d’atteindre le nirvana ou… pire ? Ça se poursuit par Un entretien avec Docteur Dollo et Mister Geha. Xavier Dollo est le libraire-éditeur, qui a décidé un jour de vivre de ses passions littéraires. Thomas Géha est l’écrivain qui se complaît dans les nouvelles comme dans les romans. Cela se conclut par Elle(s), un second texte particulièrement terrible et déstabilisant dans l’univers lycéen.
Géante Rouge retrouve ensuite des histoires courtes avec Cent pour cent pur cuir d’Olivier Gechter et Sandrine Scardigli. L’étonnante rencontre, dans un monde futuriste, d’une femme aux bottes coûteuses et d’un jeune gigolo d’hyper luxe. Acrobolis de Denis Roditi est une amusante fable sur le conditionnement et ceux qui s’y plient à mort ! Même un enfant saurait s’en servir de Jean-Pierre Guillet nous laisse espérer que les extraterrestres puissent oublier derrière eux de mystérieux objets. Enfin, mystérieux…
C’est l’usage de retrouver les micro-nouvelles, lauréates du Prix Pépin 2012. Petits textes n’atteignant pas les 300 signes. Un souffle d’humour les traverse, comme celle de Philippe Pastorino : L’envahisseur « Ils ont quand même une drôle de tête, ces Terriens ! » fit-il en se regardant dans la glace.
La rubrique d’auto-présentation des auteurs conclut cette anthologie 2013 particulièrement efficace, pleine de textes très divers qui parviennent, dans un nombre de pages souvent réduit, à emmener le lecteur dans leurs univers. Un excellent cru.