« Katorga » de Jean-Michel Archaimbault (d’après Richard Bessière)

Nous avons commis les plus graves des crimes. Nul souvenir ne nous en reste, sauf une date identique pour tous !

Qui y a-t-il de plus terrible que d’être condamné à subir une peine d’une durée indéterminée, pour un crime dont on ne garde aucun souvenir ? L’aurait-on même commis ce crime si terrible que de votre mémoire on en a effacé jusqu’au plus infime souvenir ?

Ces questions, Richard Bessière et Jean-Michel Archaimbault les ont posées. L’un en 1964, l’autre en 2014. 40 années, un grand écart temporel pour une même histoire ? Pas tout à fait.

Si la trame scénaristique du Katorga de Jean-Michel Archaimbault suit celle de N’accusez pas le ciel de Richard Bessière, la comparaison peut s’arrêter là, et elle le doit. Pour avoir lu les deux histoires l’une à la suite de l’autre, (l’originale d’abord, Katorga ensuite), je vous affirme avoir tourné les pages de la seconde avec autant d’intérêt que si je n’avais pas lu la première.

Alors, pour quelle raison réécrire une histoire ? Modifier le point de vue. Moderniser son approche pour une lecture moderne. Le roman de Monsieur Bessière est encore lisible malgré ses quarante années, mais le lieu de l’action n’est plus judicieux, la technologie a évolué, voire a suivi des chemins différents de ce que l’on anticipait alors. Et puis la SF a appris à s’affranchir de la connexion avec le space opera qui était, sinon une constante, au moins dans les gènes de la collection Fleuve Noir.

Jean-Michel Archaimbault conserve donc l’esprit, paranoïaque. L’atmosphère, angoissante. Le style, rapide et fluide. Le héros s’interroge, certes. Mais le récit ne se cantonne pas aux seules divagations psychologiques engendrées par l’isolement, la manipulation, le conditionnement, le mystère : un système totalitaire. Le dénouement se construit dans l’action tout au long des 292 pages. Alexeï et d’autres savants sont condamnés à travailler dans leurs domaines respectifs, avec une mémoire oblitérée des crimes qu’ils auraient commis, enfermés dans leur Katorga (mot russe que l’on peut traduire par bagne). Mais Alexeï est au bord de la rupture depuis la mort de sa femme. Il lui faut des réponses.

Vous les aurez. Et bien plus. Que viennent donc faire Rosetta et sa sonde Philae ainsi que Perry Rhodan dans cette histoire ? À vous de résoudre Katorga.

Chronique de Alain Chevalier

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