Né de l’union illégitime du prince Senza N’Gakona, fils de Jama le roi des Zoulous, et de la belle Nandi de la tribu des Langenis, Chaka est-il l’enfant de la prophétie ? Transmise de génération en génération, cette prophétie zouloue annonce qu’un enfant naîtra un jour, dont le destin sera de devenir un guerrier, un roi et un empereur tout-puissant. Par la force, il unira les divers clans, tribus et peuples d’Afrique australe au sein du grand empire zoulou capable de résister à la venue annoncée d’envahisseurs blancs.
Après avoir revisité, par la bande, la vie tumultueuse du rônin Miyamoto Musashi, dans son roman La Voie du Sabre, Thomas Day abandonne les décors extrême-orientaux (où il avait également situé ses deux livres suivants, L’Homme qui voulait tuer l’Empereur, second volet de La Voie du Sabre, et La Cité des Crânes, auto-fiction hallucinée) pour s’intéresser au continent africain.
S’inspirant du personnage historique de Chaka, Thomas Day réécrit donc la biographie de ce conquérant sans pitié fréquemment comparé à Alexandre le Grand, Gengis Khan ou Napoléon Bonaparte. Conservant la trame historique de la vie de Chaka, de sa naissance en 1787 jusqu’à son assassinat en 1828, Thomas Day brode de multiples péripéties qui plongent le futur roi zoulou dans une Afrique de pure fantasy, où l’on peut croiser une sorcière dotée, dit-on, de fantastiques pouvoirs magiques, constamment accompagnée d’un cochon noir aux yeux bleus, et des créatures qui dissimulent leur essence divine sous les atours du serpent, du lion, de l’éléphant, du crocodile, du gorille ou du marabout.
Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que le romancier s’aventure en ces terres d’Afrique et de fantasy, puisqu’en 2000, le nouvelliste qu’il était entraînait déjà les lecteurs de l’anthologie Royaumes « Jusqu’aux Montagnes de la Lune ». Dans cette nouvelle, une sorcière, chevauchant un scarabée-rhinocéros, transformait un jeune villageois en dévoreur d’âmes.
Cependant, contrairement à cette nouvelle où la fantasy se taillait la part du lion, Le Trône d’ébène oscille régulièrement entre l’épopée fantastique la plus débridée et le récit historique abondamment documenté. Tiraillée entre ces deux extrêmes, l’aventure de Chaka ne parvient que rarement à retrouver le souffle épique et fantastique de La Voie du Sabre. Pourtant, à l’image de ce dernier récit, Le Trône d’ébène apparaît comme une captivante quête initiatique, apprentissage de la vie à travers la transformation d’un enfant en adulte et d’un guerrier en roi.
Depuis H. Rider Haggard et Edgar Rice Burroughs, l’Afrique noire, terre de mystères, est un territoire quelque peu délaissé par les romanciers de l’imaginaire (des auteurs aussi talentueux que Mike Resnick ou Paul McAuley s’y sont cependant brillamment aventuré). En la revisitant ainsi, Thomas Day montre tout le potentiel de ce décor fantastique, même si, pour une fois, il ne va pas assez loin avec un personnage, il faut en convenir, déjà auréolé d’une terrifiante légende. Malgré cela, Le Trône d’ébène fait partie de ces romans qu’il est difficile de lâcher, car il entraîne ses lecteurs dans un monde cohérent et convaincant, dont les héros, très humains, peuvent être aimés ou haïs.
Chronique de Philippe ‘1495’ Paygnard
Éditeur | Le Bélial’ |
Auteur | Thomas Day |
Pages | 288 |
Prix | 15€ |
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Notre avis
4.0
Le Trône d’ébène apparaît comme une captivante quête initiatique, apprentissage de la vie à travers la transformation d’un enfant en adulte et d’un guerrier en roi.