Vision aveugle de Peter Watts

Vision aveugle de Peter WattsUn soir, la population terrestre découvre des milliers d’étoiles fugaces tombant vers la Terre. Les savants découvrent qu’elles ont agi comme un réseau de flashes et ont permis à des extraterrestres de photographier la planète. Deux vaisseaux automatiques envoyés dans le système solaire permettent de déterminer la source probable du phénomène. Un nouvel appareil, le Thésée, est envoyé sur place, cette fois-ci avec un équipage à bord, composé de cinq individus tous extraordinaires. Il y a notamment le narrateur Siri Keeton, qui a subi une ablation partielle du cerveau : il y a gagné une capacité exceptionnelle à expliquer à tous les faits les plus complexes, mais perdu une partie de son humanité. Ou encore les James, quatre individualités distinctes habitant le même corps, profession linguiste évidemment. Le chef est un vampire, mais le capitaine officiel de l’expédition est l’intelligence artificielle intégrée au Thésée. À destination, ils devront faire face à un étrange vaisseau qui se révélera habité : une communication entre ces entités et les Terriens sera-t-elle possible ?

L’auteur reprend le scénario ultra-classique et immuable de nombreux romans de science-fiction : la découverte d’extraterrestres justifie l’envoi d’un vaisseau spatial aux confins du système solaire, avec à son bord une poignée d’astronautes aventuriers. Tout y est : le vaisseau supra intelligent et hyper sophistiqué, la petite équipe soigneusement choisie qui se retrouve seule dans l’espace, les aliens d’une intelligence supérieure et qui survivent dans un environnement improbable… Tant mieux, car il n’y a rien de tel pour se détendre et avaler l’ouvrage en quelques soirées. D’autant plus que le héros est attachant, avec son histoire d’amour vouée à l’échec avec Chelsea, ses relations tumultueuses avec ses parents, son incapacité à comprendre ce qui se joue dans le vaisseau, sa peur héréditaire des vampires…
Mais la hard science et la psychologie se sont invitées et donnent une dimension supplémentaire au roman – tout en rendant sa lecture quelque peu indigeste par moments. Nos extraterrestres ont un métabolisme forcément différent, qui sera décrit avec force détails, et plus intéressant, ils n’ont pas de conscience d’eux-mêmes. Leur intelligence est donc entièrement dédiée à la stratégie et à l’action, rien n’est perdu pour de l’introspection ou d’autres considérations annexes. L’humanité peut-elle survivre face à un tel type d’intelligence ou est-elle tout simplement condamnée à disparaître ? C’est en tout cas un inconvénient pour le scénario, puisque par définition il y a peu à raconter sur ces aliens qui n’ont pas de conscience. En revanche, l’impact de l’environnement hautement magnétique sur les cerveaux humains, les dysfonctionnements et délires qu’il entraîne, sont largement décris et source de multiples rebondissements lors de l’exploration du vaisseau extraterrestre.
Que le lecteur lise ce roman comme de la science-fiction classique ou qu’il s’accroche à l’aspect hard science, Peter Watts et son Vision aveugle lui offriront un bon moment de lecture.

 

Chronique de Lionel ‘1473’ Goldman

Éditeur Fleuve Noir
Auteur Peter Watts
Pages  344
Prix 21€

 

A propos de Richard

"Ça mériterait un bon coup de pinceau" que j'ai eu la folie de dire. "Tiens voila les clés" fut leur réponse. Voila comment on se retrouve webmaster chez PdE...

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