« La Dernière Lame » de Estelle Faye

La dernière lame-Estelle FayeDans un monde menacé par la Crue, Marie est une adolescente qui subit de façon accidentelle l’épreuve de l’Onction, réservée habituellement aux hommes. En effet, ceux qui survivent deviennent des moines ou des soldats de l’Église des Cendres, dont ils doivent porter la parole. Marie, elle, semble devenue une sorte de Messie, accomplissant de grandes choses sur les champs de bataille…

Pour décrire l’univers de ce roman, la quatrième de couverture nous parle d’un monde ressemblant à notre Renaissance. Pour ma part, la lecture de La Dernière Lame m’a plus fait penser à une sorte de Moyen-âge finissant. Cette idée est renforcée par une atmosphère de fin du monde, par l’impression que la montée des eaux, lentement mais sûrement, finira par tout engloutir. D’ailleurs, en écoutant une interview de l’auteure à l’émission Mauvais Genres sur France Culture, ce sentiment s’est trouvé conforté. Visiblement, avec ce roman, ce qui intéresse Estelle Faye, c’est de décrire un monde où la catastrophe est en cours de réalisation, pour voir comment les gens réagissent.

Selon elle, il n’y a pas de héros qui sauve le monde, car chacun tente de survivre de son côté, tant bien que mal. Pour le coup, cet aspect-là du récit est une indéniable réussite, d’autant que la romancière, qui signe là son tout premier roman, possède une plume remarquable. Elle sait à merveille plonger son lecteur dans un univers riche et complexe, qui rappelle bien souvent le nôtre, mais qui possède tout de même sa spécificité. Les personnages, quant à eux, sont bien campés, et l’on s’y attache malgré leurs faiblesses et leurs failles. Ou peut-être à cause d’elles, justement. Ils évoluent tout au long du récit, pas toujours en bien, et meurent parfois plus vite qu’il ne faut pour le dire – ou le lire. Un peu comme dans la vie, quoi…

Pourtant, malgré toutes ces qualités, ce roman pèche par le fait qu’il est unique, là où on aurait bien aimé une trilogie. D’ailleurs, sa division en trois parties bien distinctes montre que l’histoire s’y prête tout à fait. Alors, d’accord, on entend souvent les lecteurs se plaindre que les auteurs de Fantasy ne savent nous servir que des trilogies – au mieux – ou des cycles à rallonge – interminables ! Il faut surtout rappeler que le lectorat – fait partie dont le pauvre chroniqueur que je suis – n’est jamais content. Simplement, ce que je veux dire avec cette petite nuance, c’est que le roman d’Estelle Faye aurait mérité un peu plus d’ampleur. Il peine à s’installer parfois, et survole certains faits qu’on aurait aimé voir approfondis. Quelques intrigues amorcées semblent même avoir été écartées en cours de route.

En tout cas, une chose est certaine : on en redemande ! Car au vu du talent de l’auteur – vu ce qu’elle nous montre ici, il pourrait bien être immense –, on aurait très bien pu en avoir beaucoup plus. C’est donc avec attention que l’on va suivre Estelle Faye.

D’autant que ce livre a l’insigne honneur d’amorcer, avec deux autres romans d’auteurs français, la toute nouvelle collection Pandore créée par les Éditions Le Pré aux Clercs et dirigée par le romancier/directeur de collection/érudit/critique littéraire Xavier Mauméjean. À l’image de cette Dernière lame, cette collection destinée au public Young adult nous promet d’ores et déjà de bien bons moments de lecture.

Chronique de Antoine Chalet

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