Ludwig grandit à Rabenheim, un petit bourg en apparence banal. Claquemuré dans sa chambre, il s’adonne au spiritisme. À l’aide d’une radio cabossée, il lance des appels vers l’au-delà, en vue de contacter son père disparu. Jusqu’à présent, nul ne lui a répondu… Avant ce curieux jour d’octobre. Hasard ? Coïncidence ? La veille de la Toussaint, une inquiétante fête foraine s’installe en ville. Ses propriétaires, Alberich, le nabot bavard, et Fritz Frost, le géant gelé, en savent long au sujet du garçon. Des épreuves attendent Ludwig. Elles seront le prix à payer pour découvrir l’héritage de son père. À la lisière du monde des esprits, l’adolescent hésite… Réussira-t-il à percer les mystères de l’Abracadabrantesque Carnaval ?
Le résumé est à lui seul alléchant ! Et le bouquin tient ses promesses ; sous la plume experte d’Anthelme Hauchecorne, c’est un univers foisonnant qui prend vie. On retrouve dans cet ouvrage les qualités d’écriture qui m’avait séduite dans ses précédents livres (Punks not dead ou encore Âmes de verre).
La langue est riche, très imagée et plonge le lecteur dans un monde cauchemardesque, à mi-chemin entre Tim Burton et le Freacks de Ted Browning. Les références sont légion, à commencer par les noms de famille des deux héros adolescents, Poe et Grimm, excusez du peu !
Les personnages sont nombreux, au risque de perdre un peu le lecteur parfois, d’autant que l’alternance des points de vue, si elle donne beaucoup de rythme, ne facilite pas les choses. Toutefois, l’intrigue principale est toujours là et fournit un fil rouge auquel se raccrocher, en suivant les aventures des différents protagonistes.
N’oublions pas le superbe travail de Loïc Canavaggia et Mathieu Coudray. Dans un noir et blanc magnifique, en pleine page, les illustrations qu’ils ont conçues offrent un support visuel aux folies de l’auteur et accompagnent parfaitement le récit. Le tour de force d’Anthelme, c’est de réussir à accrocher son lecteur avec des personnages qui ne sont guère sympathiques, ni vraiment attachants, mais qui évoluent dans un contexte extrêmement riche, où les péripéties s’enchaînent sans temps mort, soulevant tant de questions, titillant si bien la curiosité que l’on ne décroche plus de la lecture !
Sa très grande maîtrise de la langue est un pur bonheur, tant il sait rendre vivants et réalistes les événements les plus improbables. Pour se faire peur, un peu, pour rêver, beaucoup, même si cela frise souvent le cauchemar, pour s’évader, n’hésitez pas à suivre cet épouvantable et fantastique Carnaval !
Chronique de Sylvie « 822 » Gagnère