« Tepuy » de François Baranger

Ruz se réveille en pleine jungle, contusionnée de partout et amnésique. Très vite, des réflexes de survie s’imposent à elle sans qu’elle ait besoin de réfléchir, entretenant les questions qu’elle se pose à son sujet.

Une brève exploration la conduit au bord d’une falaise vertigineuse : elle se trouve sur un tepuy, haut plateau, détaché par des falaises verticales d’une autre jungle, infinie, mille mètres plus bas. Ruz n’est pas seule  : Chris parvient à la joindre par talkie-walkie.

Grâce à lui, elle apprend quelques bribes de son passé, mais la batterie de son appareil rend l’âme. Et Chris est grièvement blessé. Une seule solution  : retrouver l’épave du petit avion qu’elle pilotait. Car Chris a révélé à Ruz qu’ils étaient tous deux partis à la recherche de son fiancé, Edward. Il menait une mission de recherches biologiques pour un gros laboratoire pharmaceutique, au Venezuela, où une guérilla semble s’être réveillée. Or Edward a brusquement cessé d’émettre.

Mais alors que Ruz et Chris arrivaient presque à destination, l’avion est tombé en panne et ils ont dû sauter. Ses recherches se corsent lorsqu’elle aperçoit une patrouille de barbouzes au physique extraordinaire qui font des sauts de cinq mètres sans effort…

C’est ainsi que démarre ce thriller, dans une narration à la troisième personne et au passé qui alterne entre les points de vue de Ruz, Chris, puis de Fisher et Skaff. On les suit presque heure par heure. Fisher est un détective privé engagé par un ami, parce qu’une de ses meilleures clientes, Ruzena Izkovna (une célébrité dans le monde des sports extrêmes), semble lui avoir dérobé un petit avion tout terrain. Skaff, lui, est le superviseur de la cellule de crise de l’entreprise pharmaceutique Dervac, pour laquelle travaillent Edward et Chris.

On comprend très vite que les biologistes menés par Edward ont trouvé tout autre chose que des plantes endémiques aux propriétés merveilleuses, et que Dervac a envoyé des mercenaires pour s’assurer que personne d’autre ne viendra lui souffler sous le nez la promesse d’un juteux pactole. Quitte à supprimer tout témoin gênant…

Ce roman est bien mené, l’action ne faiblit pas; on s’intéresse aux protagonistes dont les réactions et le caractère sont bien rendus, tout comme le cadre, aussi exotique qu’original et mystérieux. Au passage, l’auteur met en scène les méthodes peu scrupuleuses employées par certaines grandes entreprises dont l’avidité jamais assouvie illustre les méfaits de l’idéologie néolibérale sans frein.

Il mêle légendes locales et science-fiction, dans un roman d’aventures qui tient le lecteur en haleine. Illustrateur pour le cinéma, réalisateur de courts-métrages d’animation, concept artist dans le jeu vidéo, auteur d’une série de BD chez Albin Michel et de nombreuses couvertures de romans, dont les siens, François Baranger est décidément un artiste complet !

Chronique de François ‘767’ Manson

A propos de Christian

L'homme dans la cale, le grand coordinateur, l'homme de l'ombre, le chef d'orchestre, l'inébranlable, l'infatigable, le pilier. Tant d'adjectifs qui se bousculent pour esquisser le portrait de celui dont on retrouve la patte partout au Club. Accessoirement, le maître incontesté du barbecue d'agneau :)

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