« Un Yankee à la cour du Roi Arthur » de Mark Twain

On connaît Les Aventures de Tom Sawyer (1876) et sa suite, Les Aventures d’Huckleberry Finn (1885), imaginées par Mark Twain. On connaît peut-être moins Un Yankee à la Cour du Roi Arthur paru en 1889, le nombre d’adaptations cinématographiques et télévisuelles n’atteignant guère plus de la dizaine dans le monde.

La plus connue est celle de Tay Garnett (1949) avec Bing Crosby et Rhonda Fleming. Voilà bien un roman original, dont le postulat de base a été utilisé par d’autres auteurs, ne serait-ce que par Disney France avec son Mickey à travers les Siècles, qui égaya les pages du Journal de Mickey de longues années (1952 à 1978 !).

C’est en effet suite à un énorme coup sur la tête, reçu lors d’une bagarre, que Hank Morgan se retrouve propulsé au 6e siècle, à la cour du Roi Arthur, dans un monde médiéval bien surprenant. Non sans verve, Mark Twain nous présente la cour du roi Arthur comme une sorte de joyeuse cour de récréation, dont les nobles et nobliaux sont des personnages finalement peu reluisants.

Aux yeux de Morgan, entrepreneur convaincu des bienfaits de la démocratie et du capitalisme, ce monde « où rien n’existe que l’esclavage au profit d’un petit nombre d’élus autoproclamés de droit divin » est insupportable. Fort de ses connaissances et de son intelligence, il va rapidement parvenir à prendre l’ascendant sur ses nouveaux contemporains.

Véritable pamphlet antimonarchique, ce Yankee à la Cour du Roi Arthur déborde de verve et d’humour, louchant souvent vers l’absurde. Ses Britanniques du Moyen-âge, quelle que soit leur condition, gobent toutes les bêtises qu’on peut leur raconter, sans penser un instant à les vérifier un peu, avant de s’engager dans d’improbables aventures.

Après être parvenu à se faire passer pour un terrible mage, en laissant croire qu’il commande au soleil, comme Tintin le fera dans Le Temple du Soleil (1946), Morgan va devoir, lui aussi, participer à une quête stupide, en compagnie de Sandy, qui n’est pas la pucelle qu’on croyait !

Satisfait de sa situation de bras droit du roi, Morgan décide, histoire de compliquer les choses, d’explorer l’Angleterre comme un va-nu-pieds, en compagnie, rien de moins, que du roi Arthur lui-même ! Il faudra bien des épreuves pour que le monarque comprenne qu’il est largement préférable que ce soit à l’accusation de prouver la culpabilité d’un suspect plutôt qu’au suspect de prouver son innocence.

En effet, la moindre dénonciation peut généralement vous valoir la potence, dans le meilleur des cas. De rencontres en désastres, Morgan organise, dans ce qui s’avère être une uchronie, une petite société dans laquelle il prospère, conservant au fil des mésaventures l’indéfectible assurance d’être l’homme le plus intelligent de l’époque.

Sympathique pique de Twain envers ses contemporains états-uniens. Entre imagination et absurde, ce Yankee a certes un peu vieilli, mais garde, dans sa critique du monde britannique médiéval comme de son Amérique moderne, une force assez réjouissante.

L’interférence des illustrations (de la première édition, s’il vous plaît) est parfois agaçante, quand bien même elles donnent forme aux divagations de Twain. Un classique que les Éditions PRNG font l’effort notable et indispensable de nous faire redécouvrir.

Chronique de Vincent ‘1379’ Delrue

A propos de Christian

L'homme dans la cale, le grand coordinateur, l'homme de l'ombre, le chef d'orchestre, l'inébranlable, l'infatigable, le pilier. Tant d'adjectifs qui se bousculent pour esquisser le portrait de celui dont on retrouve la patte partout au Club. Accessoirement, le maître incontesté du barbecue d'agneau :)

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