Sean Russell, déjà auteur d’une première série de fantasy se déroulant dans un décor oriental, nous propose avec « un monde sans fin » et « une mer sans rivage », un nouveau diptyque sur fond d’ambiance Europe des lumières revisitée .
Le premier tome ayant déjà fait l’objet d’une critique, c’est le second volume qui sera traité dans ce texte.
Nous retrouvons Tristam Flattery, jeune botaniste de Farreterre, une des deux entités du monde des nations de la mer Entyde, à la recherche de la Régis, une plante censée empêcher le vieillissement et dont le roi a besoin pour survivre.
Après de nombreuses aventures et des mystères irrésolus relatés dans le tome 1, Tristam, la duchesse de Morland, le médecin privé du roi et quelques autres protagonistes arrivent sur l’île de Varua.
Seulement, voilà, sur cette île, les autochtones n’ont pas envie de laisser toucher leur plante, considérée comme tabou. D’autant que d’étranges faits leur laissent à penser que les dieux sont en colère et que Tristam serait doté de pouvoirs spéciaux l’apparentant à un mage, ce que son grand père Erasmus semblait être, l’affaire n’étant pas claire.
Parallèlement, en Farreterre, à l’autre bout du monde, des factions rivales tentent de s’emparer du pouvoir du vieux roi déclinant, et de retrouver les arts perdus des mages en décryptant des textes retrouvés.
Mais ces arts recréés pourraient entraîner de grands bouleversements dans le monde, voire de grands malheurs.
C’est donc à travers une multitude d’actions et de personnages que se déroule ce roman, entre aventures, ésotérisme, intrigues, pouvoirs qui se révèlent et masques qui tombent, un puzzle gigantesque se reconstitue jusqu’au final grandiose.
L’auteur possède un style limpide, procède par chapitre en passant d’un personnage ou d’un groupe de personnages à l’autre, assemblant peu à peu son puzzle.
Pas un instant l’intérêt ne faiblit, les dialogues renforcent une ambiance et une histoire crédible jusqu’au bout, étouffante par moment, mais tellement humaniste aussi.
Les acteurs de ce récit ont une profondeur et une consistance véritables, chacun se débattant pour conserver son identité dans des événements qui les dépassent.
Dans ce récit, pas d’exagération, pas de batailles démoniaques où les combattants tombent par milliers, ni de villes détruites par magie.
La matière du roman se déguste plutôt par petites touches, par la connaissance progressive de choses énormes mais ramenées à des proportions humaines. C’est peut-être là la crédibilité et l’intérêt du texte, pas de super-héros mais des gens normaux qui doutent et tentent de comprendre ce qui leur arrive, essayant du mieux possible de s’en sortir.
Une fois le livre refermé, malgré les 615 pages, se dessine comme une envie de prolonger le voyage. Un très bon roman d’un auteur qui saura certainement nous proposer encore de bien bonnes choses dans l’avenir.
Chronique de Jean-Pierre ‘931’ Binet
Éditeur | L’Atalante |
Auteur | Sean Russell |
Pages | 615 |
Prix | 24€ |